01/24/2022

La Fondation Ethos s’inquiète d’une décision qui pourrait aller à l’encontre même du but originel de la taxonomie, soit celui d’orienter les investissements vers les activités qui ont un impact favorable sur l’environnement.

Le 31 décembre 2021, la Commission européenne a finalement proposé d’inclure in extremis le gaz naturel et l’énergie nucléaire dans la taxonomie européenne, permettant ainsi de considérer les investissements dans certaines de ces activités comme étant des « investissements durables ». Si la version finale du texte doit encore être présentée d’ici à la fin du mois de janvier pour prendre en compte les retours des représentants des gouvernements et des experts, Ethos s’inquiète d’une décision qui pourrait aller à l’encontre même du but originel de la taxonomie. Instaurée en 2020, celle-ci a en effet pour objectif d’inciter et d’orienter les investissements vers les activités qui ont un impact favorable sur l’environnement.

Pour la Fondation Ethos, inclure les centrales électriques qui fonctionnent au gaz naturel et les centrales nucléaires dans la taxonomie européenne reviendrait à diluer considérablement les effets positifs initialement visés par cette dernière. Cela risquerait d’entrainer une mauvaise utilisation des fonds publics, des subventions et des investissements privés au détriment du développement des énergies renouvelables. La transition énergétique serait ainsi retardée et la protection du climat en pâtirait. De plus, cela donnerait la fausse impression qu’un approvisionnement en énergies propres et à faible teneur en CO2 ne pourrait être réalisé sans recourir au gaz naturel et au nucléaire. 

Pour la Fondation Ethos, le nucléaire et le gaz naturel ne peuvent pas être considérés comme des sources d’énergies durables, ni même de transition. Le nucléaire produit des déchets hautement radioactifs et nécessite des investissements considérables, aussi bien dans la phase de construction que de démantèlement. De plus, il représente, en cas d’accident, un risque majeur pour la santé publique et peut avoir des incidences notables sur les autres objectifs environnementaux de la taxonomie européenne. Il ne peut donc pas non plus être considéré comme étant conforme au principe du « Do no significant harm » pourtant inclus dans la taxonomie. Le gaz naturel, quant à lui, est une source d’énergie fossile non-renouvelable également mais qui produit en plus des gaz à effet de serre. Or, comme l’a rappelé l’Agence internationale de l’énergie récemment, la demande de gaz naturel devra diminuer de 55% d’ici à 2050 si l’on entend parvenir à zéro émission nette de CO2. Il ne serait donc pas logique de continuer d’investir dans le gaz naturel si l’on entend atteindre cet objectif.

A l’inverse, en maintenant le gaz naturel et le nucléaire hors de la taxonomie comme initialement prévu, la Commission européenne contribuerait à orienter les investissements vers des énergies durables et renouvelables. Grâce à l'efficacité énergétique et à ces énergies renouvelables, la protection du climat pourrait être mise en œuvre plus rapidement, plus efficacement et pour un coût moins important. 

Les énergies solaire, éolienne et hydraulique, y compris le stockage – les technologies des batteries et de l'hydrogène – sont moins chères que la construction de nouvelles centrales nucléaires et à gaz et sont technologiquement matures. Si la Commission européenne devait décider d’intégrer le gaz naturel et le nucléaire dans la taxonomie, elle ne ferait que céder à des forces politiques et économiques qui ont négligé, retardé voire activement combattu l’expansion des énergies renouvelables pendant des décennies.

Quelle que soit la décision de la Commission européenne, la Fondation Ethos continuera de son côté d’exclure de ses investissements les entreprises qui réalisent plus de 5% de leur chiffre d’affaires dans les secteurs du nucléaire et du gaz d’origine non-conventionnelle, conformément à ses huit principes pour l’investissement socialement responsable.

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